Elle vit un rêve éveillé… Fatou Lamine Lô ne réalise toujours pas qu’elle a été sacrée Miss Sénégal 2021, devant 14 autres prétendantes. Au lendemain de son élection, encore dans l’euphorie, la plus belle fille du Sénégal a fait face à L’Obs. Du haut son mètre 88 cm, elle est revenue de long en large sur la compétition, son combat contre le harcèlement scolaire, sa vie d’actrice…
Comment vous sentez-vous au lendemain de votre sacre au prestigieux concours Miss Sénégal ?
Jusqu’au moment où je vous parle, je n’arrive toujours pas à réaliser que je suis Miss Sénégal. Je suis encore stupéfaite par ce qui m’arrive. N’empêche, je ressens une énorme fierté d’être arrivée jusqu’ici. Je suis très heureuse de remporter cette couronne était un défi pour moi, j’ai réussi à le relever haut la main.
Qu’entendez-vous par défi ?
J’ai toujours été assez introvertie et j’avais du mal à m’affirmer. En me présentant à l’élection Miss Sénégal, c’était pour moi un moyen de vaincre ma timidité et de démontrer que je pouvais aller au-delà de mes limites. Devant un public de plus de 1 800 personnes, j’ai réussi à m’affirmer et à m’imposer. Vous attendiez-vous à figurer sur la plus haute marche du podium ? Oui et non. La pression était telle que j’avais peur de ne pas être à la hauteur. D’un autre côté, je me suis beaucoup investie, j’ai donné le maximum pour en arriver à ce résultat. Au final, j’ai gagné et c’est énorme pour moi.
Lorsqu’on vous a proclamée grande gagnante de l’élection Miss Sénégal 2021, qu’avez-vous ressenti sur le moment ?
J’étais aux anges, dans les nuages. Je n’arrivais pas à y croire. Même si je savais que j’avais mes chances, ce n’était pas aussi évident d’arriver au sommet. Après tout, nous étions 14 prétendantes au trône de Miss Sénégal et chacune d’entre nous, méritait de gagner. Nous remplissons toutes les qualités requises sur le papier pour être élues. Et le comité nous a beaucoup épaulées en nous apprenant comment marcher, prendre la parole en public et nous comporter. Je profite de cette tribune pour lancer un appel à l’endroit des autorités, afin qu’elles soutiennent plus le comité Miss Sénégal Nouvelle Vision. Il s’est battu, malgré le contexte de la pandémie, pour faire vivre ce concours. Les 14 régions y ont pris part, à l’issue d’une minutieuse sélection. Parmi toutes, je suis parvenue à sortir du lot, c’est une grande aubaine pour moi. Sur le coup, je me suis sentie très chanceuse. Lorsqu’on a appelé mon nom, j’étais ébahie et je me suis mise à crier sans pouvoir me retenir. Miss Sénégal, c’est un concours prestigieux et national, donc cette couronne n’est pas négligeable. Je remercie mon parrain Bouna Kanté et mon super-parrain Pape Maël Diop, ils n’ont ménagé aucun effort pour que je participe à cette élection.
Y a-t-il une cause que vous souhaiteriez défendre grâce à votre couronne ?
La couronne peut me servir à réaliser pas mal de projets sociaux. Mais, celui qui me tient le plus à cœur, c’est le combat contre le harcèlement scolaire. Puisque J’ai été élue Miss Sénégal, je ferai tout mon possible pour éradiquer ce phénomène par la sensibilisation. Il est caractérisé par des violences répétées sur une personne. Maintenant, on le retrouve même sur les réseaux sociaux. Là-bas, on parle plutôt de Body-shaming.
Pourquoi cela vous tient tant à cœur ?
J’en ai moi-même été victime et je peux dire que cela m’a traumatisée. Étant plus jeune à l’école, mes camarades avec qui je l’accompagnais, étaient beaucoup plus courtes que moi. C’était tellement flagrant et ça m’a amenée à développer un complexe. J’ai fini par me courber le dos en marchant. Cela a été accentué par les moqueries et les quolibets des élèves. Lorsqu’on me réveillait le matin pour aller en cours, je rechignais à y aller. Malheureusement, ici au Sénégal, on a tendance à dédramatiser ce phénomène. Alors que cela peut affecter psychologiquement la personne et la pousser à se renfermer sur elle. C’était mon cas et cela fait tous justes 3 ou 4 ans que j’ai commencé à m’ouvrir aux autres. Je n’étais pas sociable et je me mettais toujours à l’écart. Je peux dire que j’étais marginale.
Qu’avez-vous vécu de si traumatisant?
Heureusement que, pour mon cas, ça s’est limité aux violences verbales. Cela n’est jamais allé aussi loin que des railleries et de l’humiliation. J’en ai entendu de toutes sortes. On m’appelait «Ndiol tocc tocc» ou encore la «girafe».
Comment avez-vous réussi à vous départir de cette image et à prendre conscience que vous étiez une personne comme toutes les autres ?
J’ai regardé des vidéos sur Internet de personnes qui étaient beaucoup plus grandes que moi. Elles osaient porter des talons et défiler. Je me suis alors dit que ma taille était ma force, un atout de taille et que j’allais l’exploiter. Je me suis dit qu’il fallait que je m’accepte d’abord moi-même avant que les autres ne m’acceptent comme je suis. La prochaine échéance pour vous, c’est Miss Cedeao en mars prochain.
Vous sentez-vous prête à relever ce défi ?
Bien entendu ! Je suis prête à aller représenter le Sénégal à cette grande compétition. Je mettrais toutes les chances de mon côté pour ramener la couronne sous nos cieux.