Le gouvernement démontre depuis près de dix ans que Touba figure au centre de ses priorités. Et cela se mesure notamment dans les domaines de la santé, de l’eau et de l’assainissement, des infrastructures routières et de la sécurité.
Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD, 2019), la région de Diourbel compte 1 million 801 mille 999 habitants. Elle est la deuxième ville du Sénégal au plan démographique après Dakar et ses 3 millions 732 mille 282 âmes.
Un peu plus de la moitié de la population diourbelloise vivent à Touba où certains quartiers réunis sont plus peuplés que des régions entières du pays. Lors du grand Magal, la Ville sainte accueille cinq fois plus que ses habitants.
Ce poids démographique, qui augmente au fil des années, expose Touba à un déficit en structures sanitaires, en infrastructures routières, en ouvrages d’eau et d’assainissement et à l’insécurité. En guise de réponse à ces questions, le gouvernement alterne mesures d’urgence et réponses structurelles.
Malgré des résultats parfois mitigés, surtout dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, les pouvoirs publics démontrent depuis près de dix ans qu’ils placent la ville de Cheikh Ahmadou Bamba au centre de leurs priorités. Lors du dernier Conseil des ministres, le 15 septembre, le Président Macky Sall clamait “son ambition de doter Touba et son agglomération d’infrastructures multisectorielles de grande envergure, au regard du développement urbain et du rayonnement religieux de la localité”.
Hôpital Cheikh Ahmadoul Khadim
Samedi 18 septembre, le Président Macky Sall a inauguré l’hôpital Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba. C’était en présence du khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké. Bâti sur 17 hectares et d’un coût de 40 milliards de francs CFA, le centre hospitalier, de niveau 3, est doté de 300 lits. Il compte des services d’urgences, de cardiologie, de traumatologie, d’oncologie et de radiologie ainsi que des laboratoires. L’hôpital, qui abritera en plus une maternité avec cinq salles d’accouchement, permettra aux populations de Touba et des localités voisines de bénéficier de soins de qualité sans avoir forcément besoin de se rendre par exemple à Dakar.
En outre, avec le soutien de l’Unicef, l’hôpital de Ndamatou est doté d’un service de néonatalogie. Cette infrastructure va sans doute contribuer à réduire le taux de mortalité néonatale de la région, qui est le plus élevé du Sénégal. Déjà après quatre mois d’activités, ce service créé en 2018, a enregistré 150 hospitalisations pour plus de 129 guérisons.
Aussi, dans le cadre du Programme de développement de la carte sanitaire (PDCS), il est prévu la construction de vingt postes de santé dans la région de Diourbel dont dix à Touba et deux à Mbacké. De plus, l’ensemble de ces postes de santé doivent évoluer en centres de santé pour améliorer l’offre de soins aux populations. Sans compter le projet de réfection de l’hôpital Mathlaboul Fawzaïni de Touba au sein duquel cohabiteront les différentes spécialités (chirurgie générale, orthopédie-traumatologie, urologie, ORL, ophtalmologie, réanimation et stérilisation) et où sera érigée notamment une station d’épuration et de traitement des eaux.
Autoroute “Ila Touba”
Longue de 113 kilomètres, l’autoroute Ila Touba relie Thiès à la Ville sainte. Son avènement en décembre 2018 a facilité les déplacements vers et en provenance de Touba. Pour les visiteurs occasionnels et réguliers de la capitale du mouridisme, pour le transport de marchandises et pour le grand Magal.
Financé à hauteur de 416 milliards de francs CFA par la Chine, l’infrastructure comprend trois voies par sens, six échangeurs ou sorties, quatre points de péage sur bretelles et deux en pleine voie. Ila Touba compte dix-neuf passages supérieurs, neuf passages inférieurs et quatre passerelles piétons.
Eau et assainissement
L’eau et l’assainissement, malgré les efforts du gouvernement ces dernières années, forment le talon d’Achille de l’Eta à Touba. Le manque d’eau rythme parfois le Magal, au grand dam des pèlerins et des autorités religieuses locales, et la Ville sainte est souvent, comme cette année, en proie à d’importantes inondations durant la saison des pluies. Les pouvoirs publics semblent décidés à venir définitivement à bout de ces deux problèmes.
Au sortir d’un entretien avec le khalife des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, en marge de l’inauguration de l’hôpital Ahmadoul Khadim, samedi 18 septembre, le Président Macky Sall a annoncé la mobilisation d’une enveloppe de 23 milliards de francs CFA pour le règlement définitif des problèmes d’eau à Touba à travers un projet hydraulique de grande envergure. Celui-ci permettra, selon le chef de l’Etat, de doubler la capacité de production et d’améliorer la qualité du service d’eau avec la réhabilitation du bassin de Darou Rahmane.
Dans le domaine de l’assainissement, le gouvernement conduit un programme de 60 milliards de francs CFA pour dix villes sénégalaises dont Touba, qui absorbe 15 milliards. Ce programme prévoit la construction d’un important réseau d’assainissement dans la Ville sainte comme dans les autres villes cibles. Lequel, permettra notamment de multiplier la capacité de traitement des eaux usées et de régler le problème des inondations dans les localités vulnérables.
Touba va par ailleurs recevoir 23 milliards pour la deuxième phase de son plan d’assainissement. “Les 5 milliards vont consister à renforcer le dispositif d’assainissement déjà existant, alors que les 17 milliards vont toucher plutôt des quartiers qui jusque-là n’ont pas encore été impactés par la phase 1 du plan d’assainissement de Touba”, avait détaillé au début du mois de septembre le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, lors d’une visite dans la capitale du mouridisme, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Organisation des secours (Orsec) suite aux inondations dans la ville.
Parallèlement à ces mesures d’ordre structurel, le gouvernement a prévu des réponses d’urgence aux inondations à Touba. Quatre milliards sont mobilisés pour renforcer la pompe du bassin de Keur Niang. De 2830 m3/jour, la capacité de pompage de l’ouvrage est portée à 4830 m3/jour. Ce dispositif, assure Antoine Diome, devrait permettre de libérer des eaux les quartiers de Nguélémou, Ndamatou, Ocass et Keur Niang, fortement touchés cette année.
Sécurité
Avec sa position géographique, au carrefour de plusieurs localités du pays, la taille de sa population et l’importance des activités économiques qu’il concentre, Touba est confronté à une insécurité préoccupante. De nombreux autorités religieuses et élus locaux préconisent un renforcement de la présence de la gendarmerie aux entrées et sorties de la ville ainsi que celle de la police à l’intérieur.
Le gouvernement semble sensible à ces appels avec l’ouverture ou les projets d’implantation de nouveaux commissariats et d’unités de la gendarmerie. Samedi 27 octobre 2018, par exemple, le Président Macky Sall avait inauguré une compagnie de gendarmerie à Touba. Celle-ci est composée d’un état-major, d’une brigade de recherches, d’un Escadron de surveillance et d’intervention (ESI) et d’un centre médical.
Le même jour, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Aly Ngouille Ndiaye, présidait l’inauguration du commissariat de Ndamatou. “Touba est une ville très importante, très peuplée également. Elle a une superficie très grande et des problèmes de sécurité ont été posés notamment avec le grand Magal, avait rappelé le ministre. C’est pourquoi depuis l’année dernière, avec la demande des autorités de Touba, nous avons envisagé de renforcer le maillage sécuritaire. Dans la ville de Touba, nous voulons ce second commissariat et certainement d’autres vont suivre pour pouvoir assurer ce maillage.”
Touba comptait déjà le commissariat spécial de Djanatou et le poste de police de Gouy Mind.
Sur le terrain, policiers et gendarmes assurent parfois des patrouilles mixtes pour assurer la sécurité des personnes et des biens dans la cité religieuse.