Après plusieurs jours d’un silence très éloquent, Y’en a marre a fini par se prononcer sur l’affaire Kilifeu, un de ses piliers, cofondateur de l’organisation, filmé en pleines tractations pour la vente indue de visas et de passeports diplomatiques. On le comprend aisément, le mouvement qui s’est autoproclamé gardien du temple des valeurs sociales, civiques et républicaines est fort embarrassé par cette affaire qui met directement en cause sa crédibilité d’autant plus que les langues n’ont pas tardé à se délier pour élargir les soupçons dans ses rangs bien au-delà de la personne directement concernée.
Selon le Meer, « l’affaire Kilifeu a sérieusement sonné Y’en a marre et les réactions observées au sein de l’organisation en disent assez. On n’a pas entendu Thiat, partenaire de toujours du mis en cause dans le groupe de rap Keur Gui qui a servi d’embryon à Y’en a marre. Thiat est plus qu’un partenaire pour Kilifeu. C’est son ami de très longue date, son fidèle compagnon, son double. L’un n’est jamais allé sans l’autre. Thiat, c’est aussi la langue pointue et le propos insolent, prompt à sortir les gros mots. Mais cette langue vive et ce vocabulaire à la limite des convenances qui se voudraient au service de la défense des valeurs, il semble les avoir perdus face à des méfaits plus constants et plus graves que tout ce qu’il n’a jamais eu à dénoncer. Que pense-t-il de ce qui est reproché à son plus que partenaire », s’interroge le Meer National dans son communiqué.
Mieux, soulignent-ils, « On n’a pas non plus entendu Fadel Barro, le premier dirigeant de Y’en a marre qui, avec Kilifeu et Thiat, forment le noyau originel auquel se sont greffés par la suite d’autres éléments pour donner l’organisation dans sa configuration connue. Barro s’est toujours voulu l’idéologue du groupe et bien que n’étant plus à la tête du mouvement, il était attendu par certains, ne serait-ce que pour rassurer sur l’actualité et l’impersonnalité de son engagement. On avait besoin de l’entendre dénoncer fortement les pratiques de son camarade, de la même manière qu’il l’aurait fait avec véhémence et virulence s’il s’agissait d’actes perpétrés par un membre ou un proche du pouvoir comme ils disent. A croire que pour ces croisés des valeurs et des mœurs, le mal n’est mal que lorsqu’il est imputable dans l’univers du pouvoir ».
Seneweb