Partenariat Public-Privé: Le secteur privé et l’Etat face au défi du logement

Les branches professionnelles des BTP, du RPPIS, du SNBTP et de la SBTP ont organisé une rencontre stratégique à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD) pour discuter des partenariats public-privé (PPP) en matière d’accès aux logements et de la mise en place d’un consortium de travaux et de promotion immobilière. L’événement a réuni plusieurs acteurs majeurs du secteur, dont le Syndicat National des Bâtiments et Travaux Publics (SNBTP), le Regroupement des Promoteurs Privés Immobiliers du Sénégal (RPPIS), et la Fédération Nationale des Industries du Sénégal (CNES).

L’objectif principal de cette rencontre était de proposer un modèle économique innovant, fondé sur des partenariats public-privé, afin de résoudre le déficit chronique de logements au Sénégal. En effet, malgré les initiatives successives comme le programme “Sénégal Un Toit”, le pays peine à répondre à une demande de logements estimée à 15 000 unités par an, alors que l’offre reste bien en deçà des besoins. La situation est d’autant plus préoccupante que le déficit national de logements atteint désormais 500 000 unités, un défi d’une ampleur considérable pour les autorités et le secteur privé.

Lors de son discours d’ouverture, Abdel Kader Ndiaye, président du SNBTP, a exprimé la volonté du secteur privé de s’engager aux côtés du gouvernement pour transformer l’économie sénégalaise. Il a souligné que les secteurs du BTP, de l’industrie et de l’immobilier sont essentiels non seulement pour la croissance économique, mais aussi pour la création d’emplois et la consolidation du tissu économique national. Selon M. Ndiaye, un consortium regroupant plusieurs organisations patronales et professionnelles sera mis en place pour adresser ces enjeux. Ce consortium ambitionne de créer une société ayant pour objectif de répondre aux besoins de logements abordables pour les Sénégalais, tout en promouvant l’économie endogène et le savoir-faire local dans le secteur des BTP.

Monsieur Alla Sene Gueye, président de la Fédération Nationale des Industries du Sénégal, a rappelé que le secteur privé sénégalais est déjà prêt à relever ce défi. Selon lui, les capacités de production locale en matériaux de construction sont bien développées, avec des entreprises sénégalaises produisant du ciment, de l’acier, des carreaux, des câbles électriques et du PVC. Ces industriels, en collaboration avec les entreprises de BTP, sont en mesure de répondre à la demande intérieure, sans avoir besoin de recourir à l’importation de matériaux. Cela représente un atout majeur pour garantir une construction durable et à coûts maîtrisés.

Toutefois, M. Gueye a également mis en évidence un défi clé : le financement. Il a souligné que pour que ces projets prennent forme, l’État doit intervenir en garantissant des achats fermes par les structures publiques telles que la SICAP et la SNHLM. Il a insisté sur la nécessité d’une sécurité financière pour permettre à ces entreprises de lever les fonds nécessaires à la construction de logements.

Le modèle proposé repose sur un partenariat public-privé (PPP) permettant de partager les risques entre l’État et les acteurs privés, tout en facilitant l’accès à un logement décent pour les Sénégalais. Les entreprises privées, y compris les constructeurs et les industriels du secteur, sont prêtes à jouer leur rôle, mais la condition essentielle pour le succès de ce modèle est l’engagement de l’État à soutenir financièrement les projets, notamment à travers la garantie des achats de logements par des structures publiques. Ce modèle a fait ses preuves dans d’autres pays producteurs de pétrole comme la Guinée-Équatoriale et l’Angola, où l’État a utilisé les revenus pétroliers pour financer des programmes de logement.

Un autre point crucial de la rencontre a été la question de la transparence dans l’exécution des projets. Le président Oumar, intervenant sur ce sujet, a souligné l’importance d’un système de suivi rigoureux pour assurer que les projets respectent les délais et les coûts prévus. Un reporting régulier, supervisé par des cabinets comptables indépendants, garantira la transparence des fonds levés pour financer les projets. Le but est d’éviter toute dérive et de s’assurer que les citoyens bénéficient de logements de qualité dans les meilleurs délais.

Cette rencontre a souligné l’importance de la collaboration entre le secteur privé et l’État pour résoudre le problème du déficit de logements au Sénégal. Le secteur privé, avec ses capacités de production et son savoir-faire, est prêt à s’engager dans la construction de 100 000 logements par an sur les cinq prochaines années. Toutefois, pour que cette ambitieuse initiative réussisse, il est essentiel que l’État mette en place des mécanismes de financement adéquats et qu’il assure un rôle de garant auprès des acteurs privés. Si ces conditions sont réunies, le Sénégal pourrait bien amorcer une transformation structurelle du secteur du logement, répondant ainsi aux besoins croissants de ses citoyens tout en renforçant son économie nationale.

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