L’ancien Premier ministre exige des sanctions exemplaires face aux malversations financières systémiques sous le régime de Macky Sall

La publication du rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des finances publiques sous le régime du président Macky Sall (2012-2023) a provoqué un séisme politique. Abdoul Mbaye, ancien chef du gouvernement (2012-2013), s’est emparé des conclusions accablantes du document pour dénoncer une « destruction organisée » du pays, appelant à des « punitions d’une extrême sévérité » contre les responsables.

Dans une déclaration virulente, Abdoul Mbaye a réitéré ses critiques sur la « fausse croissance économique » du Sénégal, évoquant des données agricoles artificiellement gonflées, notamment sur la production d’arachides. « Ces graines introuvables sur le marché servaient à masquer l’aggravation du déficit budgétaire et de la dette publique », a-t-il affirmé, soulignant que cette manipulation avait permis au régime de dissimuler une réalité financière « catastrophique ».

L’ancien Premier ministre, connu pour son franc-parler, attendait ce rapport pour vérifier si d’autres « maquillages » avaient été opérés sur les recettes ou les dépenses publiques. Mais les révélations de la Cour des Comptes dépassent, selon lui, ses « pires craintes ».

Le rapport met en lumière des pratiques « violant la loi et la réglementation en matière de finances publiques pour voler et détourner l’argent public ». Contrairement à de simples ajustements comptables post-budgétaires, les irrégularités identifiées révèlent un réseau organisé de malversations impliquant des acteurs clés : administrations financières, entreprises publiques et privées, dirigeants, et même des banques.

« L’étendue des complicités dépasse l’entendement », a déploré Abdoul Mbaye, décrivant un mécanisme systémique ayant conduit à « l’appauvrissement systématisé de la population ». Pour lui, il ne s’agit plus de simples « faux » ou « vols », mais d’une « entreprise de destruction du pays » orchestrée sur la durée.

Face à ces révélations, l’ancien chef du gouvernement exige une réponse judiciaire sans complaisance : « Les punitions devront être d’une extrême sévérité afin que cette page de la gouvernance du régime de Macky Sall soit définitivement tournée. » Son plaidoyer pour des sanctions exemplaires vise à restaurer la confiance dans les institutions et à éviter la répétition de tels schémas.

Ces accusations interviennent dans un climat politique tendu, marqué par l’alternance récente avec l’élection de Bassirou Diomaye Faye en mars 2024. Le rapport de la Cour des Comptes, longtemps réclamé par l’opposition et la société civile, pourrait alimenter les demandes de reddition de comptes visant l’ancien régime.

Si les proches de Macky Sall n’ont pas encore réagi officiellement, la pression monte pour que les autorités judiciaires ouvrent des enquêtes approfondies. La balle est désormais dans le camp de la justice, tandis que la société sénégalaise attend des actes concrets pour tourner la page d’une décennie de gouvernance ébranlée par les scandales financiers.

La publication de ce rapport pourrait marquer un tournant dans l’histoire politique sénégalaise, posant la question cruciale de l’impunité des élites. Abdoul Mbaye, en brandissant l’étendard de la transparence, relance le débat sur l’urgence d’une réforme profonde des institutions financières et d’une justice indépendante.

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