Le Ministère de la Justice, à travers sa Direction des Droits Humains (DDH), a organisé, ce jeudi, un atelier de vulgarisation de la Loi d’Orientation Sociale (LOS) et de renforcement des capacités des défenseurs des droits des personnes handicapées. Cette initiative, en partenariat avec l’ONG Sightsavers et le Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (BRAO/HCDH), vise à renforcer les compétences des acteurs de la société civile et des défenseurs des droits des personnes handicapées sur la législation en vigueur et la meilleure manière de plaider pour une application effective de leurs droits.
Adoptée en 2010, la Loi d’Orientation Sociale (LOS) n° 2010-15 du 6 juillet 2010 constitue un tournant majeur dans la législation sénégalaise en matière de droits des personnes handicapées. Elle met en œuvre les engagements du Sénégal envers la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), ratifiée en 2009. Cette loi vise non seulement à promouvoir l’inclusion des personnes handicapées dans toutes les sphères de la société, mais également à garantir leur accès à des droits fondamentaux tels que l’éducation, la santé, l’emploi, et l’accessibilité des infrastructures.
Cependant, bien que la LOS soit un texte important, son application demeure un défi majeur. Le pays se trouve encore confronté à des obstacles significatifs, notamment le manque de décrets d’application pour de nombreuses dispositions, et la nécessité d’une meilleure sensibilisation des acteurs à la portée de cette loi.
L’atelier de deux jours, organisé à Dakar, avait pour objectif de renforcer les capacités des défenseurs des droits des personnes handicapées, en particulier dans le cadre de leur mission de sensibilisation et de plaidoyer auprès des institutions publiques et privées. Le Ministère de la Justice, en collaboration avec ses partenaires, a ainsi réuni des représentants d’organisations de personnes handicapées, des défenseurs des droits humains, ainsi que des acteurs institutionnels et de la société civile.
Le directeur des Droits Humains, Monsieur Julien Ngane Ndour, a souligné l’importance de cet atelier dans le cadre des engagements du Sénégal pour la protection des droits des personnes handicapées : « Cet atelier est essentiel car il permet à tous les acteurs concernés de mieux comprendre la Loi d’Orientation Sociale, de renforcer leurs capacités et de mettre en place des stratégies de plaidoyer efficaces. Il est fondamental que les défenseurs des droits des personnes handicapées soient bien informés des instruments juridiques qui protègent ces droits et qu’ils soient capables de faire valoir ces droits auprès des autorités. »
Bien que la LOS représente une avancée majeure pour les droits des personnes handicapées, plusieurs de ses dispositions attendent encore leur mise en œuvre effective. En particulier, seuls quelques décrets d’application ont été publiés, tandis que de nombreuses autres mesures n’ont pas encore été mises en place, notamment dans des secteurs clés comme l’éducation inclusive et l’accessibilité des infrastructures.
Monsieur Abdou Kogna Diop, Président de la Convergence des Aveugles pour l’Unité de la Solidarité et l’Entraide, a exprimé les préoccupations des personnes handicapées concernant l’application réelle de la loi : « Nous avons une loi solide, mais il faut des mesures concrètes pour garantir l’accès des personnes handicapées à des services essentiels comme l’éducation, la santé et l’emploi. C’est pour cela que ce genre d’atelier est crucial. Nous devons, avec l’aide des autorités, développer des stratégies pour faire en sorte que ces lois ne restent pas lettre morte. »
L’atelier a également été l’occasion de rappeler les défis persistants en matière d’inclusion des personnes handicapées dans la société sénégalaise. L’accès à l’éducation inclusive, à l’emploi, à la santé, et même à des services de base comme le transport ou le logement reste problématique pour de nombreuses personnes en situation de handicap.
Les défenseurs des droits des personnes handicapées ont ainsi lancé un appel aux autorités pour qu’elles intensifient leurs efforts dans la mise en œuvre des dispositions de la LOS. En particulier, ils ont insisté sur la nécessité de construire davantage d’instituts d’éducation spécialisée dans les régions reculées, de garantir un accès équitable aux soins de santé et d’améliorer l’accessibilité des infrastructures publiques.
Ce type d’atelier constitue une étape importante pour renforcer les actions en faveur des droits des personnes handicapées, mais il reste encore beaucoup à faire. Comme l’a rappelé Monsieur Ngane Ndour, « Ce n’est qu’avec un engagement continu, une collaboration étroite entre les défenseurs, les institutions et la société civile que nous pourrons réellement garantir l’effectivité des droits des personnes handicapées au Sénégal. »
Cet atelier, qui fait partie d’un programme plus large du Ministère de la Justice, illustre la volonté des autorités sénégalaises de renforcer l’inclusion des personnes handicapées et de s’assurer que leurs droits soient respectés et protégés dans tous les aspects de la vie quotidienne. Il reste désormais essentiel que cette dynamique soit soutenue par des actions concrètes et une mise en œuvre systématique des lois existantes.
Cet atelier de vulgarisation de la Loi d’Orientation Sociale marque un tournant important dans la lutte pour l’inclusion des personnes handicapées au Sénégal. Il est désormais urgent que les autorités politiques, les défenseurs des droits et les acteurs de la société civile travaillent ensemble pour garantir que la loi ne soit pas seulement un texte sur le papier, mais un levier de transformation sociale véritable pour les millions de personnes handicapées du pays.