Une nouvelle tragédie se déroule sur la route des Canaries, alors qu’au moins 300 personnes sont portées disparues après avoir quitté le Sénégal à bord de trois bateaux dans l’espoir de rejoindre l’archipel espagnol des Canaries. L’association Caminando fronteras a rapporté cette information alarmante, faisant craindre le pire pour ces migrants en quête d’une vie meilleure.
Selon Helena Maleno, la fondatrice de l’association, deux des bateaux ont quitté les côtes sénégalaises il y a 15 jours avec environ 50 et 60 personnes à bord respectivement. Le troisième bateau, quant à lui, transportait environ 200 personnes lorsqu’il a pris le large le 27 juin. Depuis leur départ, les familles des exilés sont sans nouvelles de leurs proches, suscitant une grande inquiétude et une profonde détresse.
Les embarcations ont quitté la petite ville de Kafountine, située dans le sud du Sénégal, pour une traversée périlleuse de près de 1 700 kilomètres jusqu’à Tenerife, l’une des îles Canaries. Les motivations de ces migrants sont liées à l’instabilité qui règne dans leur pays d’origine.
Les îles Canaries, situées au large des côtes d’Afrique de l’Ouest, sont devenues la principale destination des migrants cherchant à rejoindre l’Espagne. Bien que certains tentent également de traverser la Méditerranée pour atteindre l’Espagne continentale, leur nombre est nettement moins élevé.
Malheureusement, cette route migratoire de l’Atlantique est l’une des plus meurtrières au monde, avec un nombre croissant de décès chaque année. Au cours du premier semestre de 2023, 951 personnes ont perdu la vie dans leurs tentatives de rejoindre l’Espagne, dont 778 sur la route des Canaries, selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations unies. En 2022, au moins 559 personnes ont perdu la vie dans leur quête désespérée de rejoindre les Canaries.
L’été est une période particulièrement active pour les traversées migratoires, et la route des Canaries ne fait pas exception. Depuis le printemps, cette voie migratoire a connu une augmentation du nombre de migrants qui la empruntent. Entre le 10 et le 12 juin, plus de 330 migrants sont ainsi arrivés dans l’archipel espagnol, principalement originaires du Maghreb. En avril, plus de 400 personnes avaient également débarqué sur les îles des Canaries en l’espace d’une semaine, juste après la fin du ramadan.
La collaboration entre l’Espagne et le Maroc a conduit à une diminution générale des arrivées aux Canaries depuis 2022. Les deux pays ont renforcé leur surveillance aux frontières, avec des patrouilles marocaines plus fréquentes en mer et une vigilance accrue près des enclaves de Ceuta et Melilla. Les autorités marocaines interceptent les exilés qui tentent de prendre la mer et les renvoient vers des centres situés à l’intérieur du pays, loin des côtes.
Cette coopération entre l’Espagne et le Maroc peut parfois engendrer des drames, notamment lorsqu’il y a des désaccords sur les opérations de secours. Récemment, des enregistrements audio obtenus par la radio espagnole Cadena Ser ont révélé que de nombreuses vies auraient pu être sauvées lors d’un naufrage survenu le 21 juin, mais les secours espagnols ont laissé les Marocains intervenir, entraînant un délai de 12 heures avant leur arrivée sur les lieux. Seule une jeune fille a pu être secourue par un hélicoptère espagnol, tandis que les autorités marocaines ont récupéré un corps et porté secours à 24 personnes, laissant 37 personnes toujours portées disparues.
Cette nouvelle tragédie en mer souligne une fois de plus l’urgence de trouver des solutions durables pour prévenir les pertes de vies humaines et assurer la sécurité des migrants qui entreprennent ces voyages dangereux. Il est crucial de renforcer les efforts de coopération internationale pour faire face aux causes profondes des migrations forcées et pour protéger les droits fondamentaux des personnes en situation de vulnérabilité.
Avec Infomigrants