Les manifestants soudanais se sont de nouveau donnés rendez-vous dans les rues de Khartoum et des principales villes du pays ce dimanche 17 juillet. Comme à chaque marche, depuis des mois, ils ont été dispersés par des tirs de grenades lacrymogènes. En plus de leurs revendications habituelles demandant le départ des militaires au pouvoir, les manifestants se sont cette fois saisis du problème des violences tribales qui ont fait des centaines de morts depuis le début de l’année, à travers tout le pays.
Comme à chaque fois, les portraits des manifestants tués lors des marches précédentes ont été brandis dans les rues du pays, mais dimanche, d’autres slogans ont résonné dans les rangs des protestataires comme « Non au tribalisme, non au racisme, nous sommes une famille ! ».
Alors qu’au moins 60 personnes sont mortes ce week-end dans des affrontements locaux dans l’État du Nil Bleu au sud-est du pays, les manifestants de Khartoum et des grandes villes ont fait part de leur solidarité avec les victimes. Selon eux la résurgence des violences tribales de ces derniers mois, n’est pas sans lien avec la politique menée par les autorités putschistes.
Pour la chercheuse soudanaise Kholood Khair, directrice de l’institut Confluence Advisory, ce sont « les intérêts miniers de certains membres du pouvoir, notamment le numéro 2 le général Hemedti, qui sont à l’origine du retour des conflits ». Durant toute la journée, des orateurs de rues clamaient la responsabilité des putschistes dans ces violences. Les militaires, disent-ils, utilisent les rivalités ethniques pour se répartir les richesses de ces régions au détriment des populations locales… Pour rappel, le pays dispose d’importantes réserves de fer, de cuivre, de manganèse et surtout d’or. Khartoum est devenu en quelques années le troisième producteur d’or africain.
Pour manifester leur solidarité avec les habitants du Nil Bleu, les manifestants se sont rassemblés pour donner leur sang à l’hôpital de Madani où sont soignés les blessés.