L’inflation s’est envolée à près de 70% sur un an en avril en Turquie, au plus haut depuis février 2002, selon les chiffres officiels publiés jeudi 5 mai. La Turquie connaît une inflation à deux chiffres presque sans discontinuer depuis début 2017. Mais elle n’avait jamais connu une telle hausse des prix à la consommation depuis l’arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan, fin 2002.
L’économie turque s’embourbe un peu plus chaque mois dans une spirale inflationniste. Après neuf mois de hausse ininterrompue, le taux d’inflation officiel avait franchi en février la barre des 50% sur un an. Et il a donc frôlé les 70% en avril, un nouveau record depuis début 2002, année où la Turquie subissait alors les effets d’une grave crise financière.
Ces derniers mois, la flambée des prix de l’énergie, en grande partie liée à la guerre en Ukraine, et la faiblesse de la livre turque minent le pouvoir d’achat des Turcs. Les prix ont augmenté dans presque toutes les catégories de produits, mais ce sont les transports (+106% sur un an) et les denrées alimentaires hors alcools (+89%) qui ont le plus renchéri.
Les autorités turques semblent d’autant plus impuissantes à combattre l’inflation que le président Recep Tayyip Erdogan a ordonné à la banque centrale – pourtant censée être indépendante – de ne pas augmenter ses taux. Ce sont même des baisses de taux successives à l’autonome 2021 qui avaient fait chuter la livre et enclenché cette spirale inflationniste. Très critiqué, le chef de l’État turc a promis la semaine dernière que l’inflation « commencerait à ralentir après le mois de mai ».