Shehbaz Sharif, est le nouveau Premier ministre du Pakistan. Il prend la suite d’Imran Khan évincé du pouvoir par une motion de censure. Âgé de 70 ans, le chef du PML-N, la Ligue musulmane du Pakistan a mené là avec d’autres chefs de l’opposition, la fronde qui a renversé Imran Khan. La session a été houleuse au Parlement où s’est tenu le vote, une session avec des rebondissements.PUBLICITÉ
Avec notre correspondante à Islamabad, Sonia Ghezali
Les députés du PTI, le parti d’Imran Khan ont démissionné du Parlement. Environ 140 d’entre-eux ont ainsi quitté l’Hémicycle, décidant de boycotter l’élection: « Voter serait donner une légitimité à un gouvernement illégitime », a déclaré l’ex-ministre des Affaires étrangères qui s’est exprimé durant plusieurs minutes dans l’assemblée.
Les membres du PTI ont scandé le mot « azadi », qui signifie liberté en ourdou, en écho à leurs accusations. Ils accusent en effet les États-Unis d’être à l’origine de la destitution d’Imran Khan.
Vers un gouvernement de coalition
Le vote sur le Premier ministre a suivi et, sans surprise, c‘est Shehbaz Sharif qui a été élu. Shehbaz Sharif, homme d’expérience politique, qui a gouverné pendant des années la province du Pendjab est aussi le frère cadet d’une autre grande figure de la politique pakistanaise, Nawaz Sharif, qui a été trois fois Premier ministre du Pakistan. Un homme exilé à Londres depuis quelques années après avoir été accusé de corruption.
Shehbaz Sharif va devoir former un gouvernement de coalition avec les autres partis de l’opposition, des partis historiquement rivaux, mais qui se sont alliés pour renverser Imran Khan. Ce gouvernement tiendra-t-il jusqu’aux élections législatives dans un an ? Saura-t-il faire face à la grave crise économique qui frappe le Pakistan ? De nombreux défis sont à relever dans une atmosphère qui s’annonce délétère.
Une nomination au goût amer pour certains Pakistanais
Dans les rues d’Islamabad, Kamel, âgé d’une trentaine d’années voit l’arrivée au pouvoir de Shehbaz Sharif avec amertume: « Je suis triste. Je pleure sur le sort de mon pays libre. Un pays libre et indépendant ne devrait pas avoir un homme politique corrompu comme lui à sa tête. Je ne suis pas content. »
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« Imran Khan était un chef courageux et c’est pour ça qu’il a été renversé, c’est pour ça qu’ils l’ont chassé du pouvoir, estime un autre passant sur sa mobylette. Les gens corrompus finissent toujours par revenir au pouvoir. »
Rezouan Kader est fonctionnaire et il dit n’avoir plus d’espoir: « Je pense pas qu’aucun Premier ministre ne peut faire quoi que ce soit pour faire baisser les prix à la consommation. Il n’y a que les visages qui changent au pouvoir ici. »
D’autres manifestations sont à prévoir assure Imran Khan
Frida Bibi, attend son bus sous la chaleur, chétive, elle explique qu’elle peine chaque mois à joindre les deux bouts: « Tous ceux qui arrivent au pouvoir ne pensent qu’à eux-mêmes, personne ne pense aux pauvres. Imran Khan a dit qu’il allait donner du travail aux gens, qu’ils allaient faire construire des maisons pour les pauvres. Il n’a rien fait. Et maintenant, ces personnes de l’opposition viennent au pouvoir et eux aussi ne feront rien pour les pauvres. »
Le PTI a mené d’immenses manifestations à travers le pays dimanche soir, et d’autres suivront a promis Imran Khan qui semble décider à éprouver et défier le futur gouvernement dans la rue.