Cambriolage Sang à sicap-Mbao, le film des faits.

Condamné aux travaux forcés à perpétuité, Fily Sané, ex membre de la bande à Ino, élargi après 22 ans passés en prison, s’est à nouveau manifesté au cours d’un cambriolage à Sicap-Mbao, où des coups de feu ont été tirés pour dissuader les populations.

Grièvement blessé après avoir reçu une brique sur la tête, l’ex-compagnon de Ino a été arrêté et déféré au parquet, hier vendredi. L’Obs vous livre le film de ce cambriolage sanglant.
C’était en pleine nuit, il y a quelques jours. Il était trois heures. Alors que les habitants de Diamagueune-Sicap-Mbao étaient plongés dans les bras de Morphée, sur la route nationale n°1, huit malfaiteurs encagoulés, lourdement armés, sont embarqués à bord de deux véhicules 4X4. Ils attendaient le moment opportun pour s’attaquer au domicile d’un commerçant : Mamadou Samba Niang, également trésorier du Foirail de Diamagueune. Le stationnement des deux véhicules, aux vitres teintées, n’attire l’attention d’aucun noctambule ni les vigiles postés dans les environs. L’objectif des malfaiteurs est clair : L’un d’eux a été informé de la réception d’une importante somme d’argent par le trésorier du Foirail. Un montant que ce dernier garde chez lui avant de le déposer à la banque. Le temps presse pour les huit malfaiteurs qui, après quelques minutes d’attente, se dirigent vers le domicile du commerçant les feux des véhicules éteints. 
A leur arrivée, ils déploient une équipe de guetteurs aux quatre coins de la rue qui mène chez le trésorier du Foirail de Diamagueune. Armés de pistolets automatiques de type «Mac 50», les guetteurs ont pour rôle de dissuader toute tentative d’aller porter secours au commerçant. Pendant que l’autre équipe s’emploie à défoncer la porte d’accès au domicile du commerçant.

Le trésorier du Foirail, réveillé par sa deuxième épouse, essuie un cou de feu au balcon
En tentant de défoncer la porte de la maison, les malfaiteurs finissent par alerter la deuxième épouse du commerçant. Elle sursaute et secoue son mari ronflant comme un loir. Face à l’insistance de son épouse, le commerçant se réveiller, mais dédramatise en soufflant  à  sa femme que le bruit provient certainement de l’enclos. «Ce sont les moutons qui sont en train de cogner le mur», débite-t-il d’un trait, avant de replonger dans un sommeil profond. Sa femme, peu rassurée face à la persistance du bruit, le secoue davantage et l’oblige à vérifier l’origine du bruit. Lorsqu’il saute enfin du lit pour aller se pencher au balcon, le trésorier du Foirail frôle la mort. Un des malfaiteurs l’aperçoit, arme son pistolet, vise et tire en direction du commerçant.

Les populations, tenues en respect, se rebellent et reçoivent des balles  à plomb
Lorsque le coup de feu détonne, les populations, gagnées d’abord par l’affolement, se ressaisissent ensuite et comprennent que le domicile attaqué est celui du trésorier du Foirail de Diamagueune. Très vite la solidarité agit. C’est d’abord le neveu du commerçant qui sonne la réplique. Du nom de Abou Sarr, alias Abouyah, il s’empare d’une brique, défie l’un des malfaiteurs identifié plus tard sous le nom de Fily Sané. Lorsque ce dernier arme son pistolet automatique de type «Mac 50», Abouyah ne lui laisse pas le temps de tirer. Il lui balance la brique sur la tête. Affaibli, le malfaiteur, couché sur le sol, appuie sur la gâchette et atteint Abouyah. Les voisins sonnés, décident de faire face, malgré les mises en garde des malfaiteurs qui, l’injure à la bouche, les somment de ne pas s’approcher. «Éloignez-vous» ! Hurle de colère un assaillant armé avant d’ouvrir le feu sur un groupe de voisins venus s’opposer au cambriolage du domicile du commerçant et criant au voleur ! 

Un concert de coups de feu. Les malfaiteurs reviennent à la charge pour sauver un des leurs. Un pistolet «Mac 50» et des munitions trouvés à ses côtés
Furieux, les malfaiteurs comprennent que le cambriolage a foiré. Ils décident alors de couvrir leur retraite et lâchent plusieurs coups de feu sur les habitants du quartier, sortis en grand nombre. Dans la foule, un habitant du nom de Cellou Diallo qui a tenté de s’approcher des cambrioleurs, est atteint. Il s’écroule. Pendant que les secours s’organisent autour de Abouyah et Cellou Diallo, les malfaiteurs qui avaient quitté les lieux à bord de leurs deux véhicules 4X4, reviennent sur leur pas pour tenter d’embarquer Fily Sané, un des leurs grièvement blessé et gisant inerte sur le sol. A la grande surprise de la foule qui les voit se pencher sur Fily Sané, avant de l’abandonner, pensant qu’il est mort. «Boy Diola est décédé. Il n’y a plus rien à faire pour lui, partons», s’exclame l’un des malfaiteurs. Des propos captés par la foule et qui ont été rapportés à la police. Abandonné par ses complices, Fily Sané est secouru par la police face la foule en colère. A ses côtés, la police découvre un Pistolet automatique (PA) de type «Mac 50» de même qu’un chargeur avec trois munitions de calibre 9, deux cartouches de carabine à plomb de calibre 12, une pompe asphyxiante…

Fily Sané, membre de la bande à Alex et Ino, arrêté en 1998
Retrouvé dans un piteux état par les hommes du Lieutenant Salla Niang, chef du poste de police de Sicap-Mbao, Fily Sané a soigneusement tenté de cacher son passé criminel. C’était sans compter avec les enquêteurs du poste de police de Sicap-Mbao qui l’ont soumis à un interrogatoire serré. Fily Sané qui se faisait passer pour Mamadou Sané a fini par craquer. Son passé judiciaire a permis d’éclairer le Lieutenant Salla Niang qui a découvert que Fily Sané, associé à Ino et Alex, a été arrêté lors d’un braquage à Hann-Yarakh en 1998. Jugé en Cour d’Assises, il avait écopé d’une condamnation aux travaux forcés à perpétuité. Au bout de 22 ans passés derrière les barreaux, il a été libéré. Hélas, loin de s’amender, il a repris du service en intégrant une bande de redoutables malfaiteurs.

La Casa de Papel : Le film qui a inspiré la bande de l’ex-élément de Ino
Prolixe devant les enquêteurs, Fily Sané, en déroulant le mode opératoire de la bande, a expliqué que tous les membres se sont inspirés du film «La Casa de Papel». Aucun d’eux ne connaît l’adresse de l’autre. Une stratégie pour retarder le démantèlement de toute la bande en cas d’arrestation d’un des membres. «Nous sommes organisés autour d’un de nos éléments appelés Ngabou. Si l’un de nous repère un établissement financier, un magasin ou la maison d’un riche à cambrioler, c’est Ngabou qui se charge de planifier le coup. Il procède au repérage des lieux et distribue les rôles. Le jour J, nous nous retrouvons à un point précis pour perpétrer le cambriolage, distribuer le butin et chacun regagne son domicile, en attendant le prochain cambriolage. Pour ce dernier coup que nous avons voulu perpétrer à Sicap-Mbao, c’est Ifra Sow alias Thiawoguéle qui nous a informés que le trésorier du Foirail a reçu une forte somme d’argent qu’il garde chez lui et qu’il va déposer à la banque dans les prochains jours…» Il s’y ajoute que les membres de la bande évitent systématiquement de s’appeler par leurs différents noms. Tous les membres ont des noms codés : Ainsi Mame Cheikh Diop se fait appeler Dakar, Saër s’est collé le nom de Médina, Gorgo a pris le nom de Kaolack, Ifra Sow celui de Thiawoguéle…

La saga de la bande : Thiès, Pire, Touba, plus de 110 millions de FCfa emportés
Acculé par les enquêteurs, l’ex-membre de la bande à Ino a révélé que lui et ses complices ont commis plusieurs cambriolages ciblés : «Nous n’attaquons jamais à l’aveuglette. C’est toujours après une dénonciation de la cible que nous nous préparons à l’attaquer», a confié Fily Sané. Ainsi la bande dont les éléments viennent de plusieurs localités du pays, a frappé à Mbao-Villeneuve pour un butin de 60 millions, Touba qui a rapporté 15 millions, Sicap-Mbao où un Malien à bord de son scooter, «vendu» à la bande, a été attaqué et dépouillé de 25 millions, sans compter Pire la religieuse, où la bande a mis la main sur 10 millions de FCfa.
texte de nos confrères de igfm

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