Pour l’Arabie Saoudite: la transition énergétique, pas sans le pétrole

Le 23ème Congrès Mondial sur le Pétrole se tient actuellement à Houston, USA. L’avis du ministre du pétrole de l’Arabie Saoudite, Amin Nasser, est très intéressant. Habitué à appuyer là où ça fait mal, il prévient que la transition énergétique ne pourra pas se faire en claquement de doigts. Il demande “à utiliser le pétrole et le gaz le plus longtemps possible.”

La demande traduit l’incapacité de l’Arabie Saoudite à diversifier ses revenus car sa survie dépend exclusivement des pétrodollars. Elle fait également écho à la totale l’incapacité des pays occidentaux à diminuer leur consommation d’énergie. Du coup, ses paroles raisonnent encore plus fort.

 

Une révolution sans sang, est-elle une révolution?

Le discours de Nasser arrive alors que l’Agence Internationale de l’Energie appelle à stopper immédiatement les investissements dans les énergies fossiles afin d’atteindre d’ici à 2050, un presque zéro émission. Ce n’est pas peu dire que la suggestion est très mal passée auprès des producteurs.

Nasser questionne le principe que “le monde pourrait passer à des carburants plus propres pratiquement du jour au lendemain, mais que cette hypothèse est profondément erronée“. Il “demande de reprendre les investissements dans le pétrole et le gaz afin d’éviter l’inflation.

Je comprends que le fait d’admettre publiquement que le pétrole et le gaz joueront un rôle essentiel et significatif pendant la transition et au-delà sera difficile pour certains. Mais admettre cette réalité sera bien plus facile que de faire face à l’insécurité énergétique, à l’inflation galopante et aux troubles sociaux lorsque les prix deviennent intolérables et de voir les engagements nets zéro des pays commencer à s’effilocher.

Soyons honnête. Nous nous apprêtons à vivre une révolution énergétique. Une révolution ne se passe jamais sans douleur.

 

De nombreux pétroliers annoncent un pic de production entre 2026 et 2030

Depuis 2016, les investissements dans l’exploration pétrolière ont diminué, tout comme les nouveaux gisements découverts. Il y a quelques jours, le PDG de Gazprom, tenait les mêmes propos au sujet du gaz et demandait aux investisseurs de revenir, d’autant que les prix actuels génèrent des profits records. Gazprom a généré $9 milliards de bénéfice jusqu’en septembre.

Le PDG de l’entreprise de services pétroliers et gazier, Halliburton, Jeff Miller a eu une remarque qui pourrait mettre tout le monde d’accord. “Nous entrons en fait dans une période de pénurie et je pense que pour la première fois depuis longtemps, nous verrons un acheteur chercher un baril de pétrole plutôt qu’un baril de pétrole chercher un acheteur“.

Dans cette nouvelle configuration de chasse aux barils, quel sera le rôle de l’Europe, ou des pays trop petits comme la Suisse?

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