Bounama Sympa Sagna, 12 ans. Massiré Guèye, 15 ans. Baye Cheikh Diop et Alassane Barry, 17 ans. Chérif Abdoulaye Mané et Sadio Camara, 18 ans. Pape Sidy Mbaye, Mansour Thiam, Cheikh Coly, Cheikh Wade et Famara Goudiaby, 20 ans. Cheikhouna Ndiaye, 22 ans. Moussa Dramé, 35 ans. La liste est longue.
Il ne s’agit pas de candidats admis à un examen. Il ne s’agit pas non plus de jeunes recrues de l’armée ou du service civique national. A cet âge, c’est tout le mal qui aurait dû leur arriver. Hélas, ces garçons dont le plus âgé n’avait que 35 ans et le benjamin, 12 ans seulement, ont été tués lors des émeutes de mars 2021. 13 voire 14 personnes, de surcroît à la fleur de l’âge, froidement abattues par la main de l’homme, c’est sans doute un des plus lourds bilans jamais enregistrés dans ce pays en temps de paix. Même Alpha, Delta ou Omicron ont à peine fait pire. Ces morts, à leurs corps défendant, sont bien… « l’homme de l’année ». Y a-t-il eu « viol » ou pas viol dans l’affaire Sweet Beauté ? Y a-t-il eu « complot d’Etat » ou non ? Peu importe la question qui est posée. La seule réponse qui vaille, et il faut bien l’affirmer avec rage : Sympa Sagna et ses compagnons d’infortune ont été sacrifiés sur l’autel d’intérêts partisans. Et en toute vraisemblance, ces victimes expiatoires de l’irresponsabilité politique n’auront droit ni à la justice, ni à un monument, ni à un lieu de souvenir. La politique dans ce qu’elle a de pire, c’est-à-dire la soif du pouvoir, les a privés de leur « 31 » et de la joie de célébrer le Nouvel An. Ces jeunes, boucliers ou chair à canon, c’est selon, n’aspiraient pourtant qu’à une chose : VIVRE.
Mais il y a pire sur la « Planète Mars » du Sénégal. Dans une semaine, la campagne pour les élections territoriales du 23 janvier rangera définitivement aux oubliettes les pauvres jeunes gens. Aux jeunes sénégalais justement, les politiciens de tous bords promettront encore monts et merveilles. Des promesses sans lendemain et des lendemains peu prometteurs.
La mort est banalisée. La politique ensanglantée. La justice bafouée. La République défiée. La démocratie chahutée. Manifestement le Sénégal n’a toujours pas pris la pleine mesure de ce qui s’est réellement passé au mois de mars de l’année finissante. Les comportements seraient différents si la prise de conscience était bien au rendez-vous. Que nenni ! A force de Covid, à force de migration irrégulière, à force d’infanticides et de suicides, à force de refus d’inhumer, le Sénégalais a beaucoup changé. Saura-t-il se ressaisir alors ?
Au moment où il s’apprête à discourir sur l’état de la Nation et, cerise sur le discours, à prendre la présidence de l’Union africaine, le Président Macky Sall doit avoir à cœur de rassurer. Le Sénégal, l’Afrique et le monde dans une certaine mesure, l’attendent. La tâche d’organisation d’élections démocratiques, transparentes et sans violence constitue un grand défi. Son leadership au nom et pour le compte de tout un continent sera apprécié par une opinion publique africaine avertie et plurielle. A la veille de la prise des commandes de l’Union africaine, Macky Sall arrive pile à l’heure avec sur terre, le TER et dans les airs, Air Sénégal. De bons points engrangés et à préserver.
Par Mamoudou Ibra Kane