Iran: l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi investi président

Le nouveau président conservateur Ebrahim Raïssi a été intronisé, mardi 3 août, président par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, lors d’une cérémonie à Téhéran. Il prendra ses fonctions après une prestation de serment devant le Parlement, le 5 août.

Âgé de 60 ans, le nouveau président conservateur a remporté le scrutin présidentiel de juin dès le premier tour avec près de 62% des voix, mais avec aussi une abstention record. Il succède donc au modéré Hassan Rohani. Depuis, des manifestations ont lieu régulièrement contre la pénurie d’eau dans le sud-ouest de l’Iran et la crise économique, rappelle notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi.

La priorité d’Ebrahim Raïssi est d’améliorer la situation économique en renforçant les relations de l’Iran avec ses voisins immédiats comme il l’a affirmé : « Jusqu’à aujourd’hui, la pression maximale contre notre pays n’a pas donné de résultats. Les États-Unis doivent réviser leur politique. Notre politique étrangère ne se limitera pas à l’accord nucléaire. Nous chercherons l’entente avec l’ensemble des pays comme un principe. »

Relancer les négociations avec les grandes puissances

Mais il doit aussi relancer les négociations avec les grandes puissances pour la levée des sanctions américaines qui pourraient donner un souffle à l’économie iranienne. En contrepartie, l’Iran acceptera de limiter son programme nucléaire.

Six séries de négociations ont déjà été menées à Vienne avec les grandes puissances, notamment de manière indirecte avec les États-Unis, mais ces négociations sont pour le moment suspendues. Ces sanctions, notamment pétrolières et bancaires, étouffent l’économie iranienne. Mais on ne sait pas encore quelle sera la position du nouveau président face aux grandes puissances.

Plusieurs opposants dénoncent le rôle d’Ebrahim Raïssi, en tant que procureur, dans la torture et l’exécution d’opposants politiques dans les années 1980. L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International demande l’ouverture d’une enquête le visant.

Qualifiés de « groupe terroriste » par Téhéran, les Moudjahidines du peuple sont recherchés, mais la répression visait différentes appartenances politiques. En gravissant les échelons du système judiciaire, Ebrahim Raïssi a joué un rôle central, estime Amnesty International.

L’organisation de défense des droits de l’homme l’a identifié comme un membre des commissions de la mort, responsables, selon elle, de la disparition forcée ou de l’exécution sans jugement de milliers de dissidents en 1988. Il faut désormais que les Nations unies interviennent, juge Diana Eltahawy, directrice adjointe d’Amnesty en charge du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. « Nous demandons au Conseil des droits de l’homme d’établir un mécanisme qui rassemblera et préservera les preuves pour permettre de futures enquêtes judiciaires pour des crimes en droit international », explique Diana Eltahawy.

Pour l’heure, aucune enquête ne vise Ebrahim Raïssi. Mais ces accusations compliquent ses déplacements. La semaine prochaine, une cour suédoise va juger un autre membre présumé de ces commissions de la mort, arrêté à l’aéroport de Stockholm.

Malgré ma situation physique, j’ai été torturée, fouettée et j’ai reçu des coups au visage à plusieurs reprises et dans toutes ces étapes, Ebrahim Raïssi en tant que procureur était présent.

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